A partir du XIème siècle, avec l’augmentation de la population le prénom ne suffira plus pour identifier une personne ; le surnom deviendra un nom patronymique qui se transmettra de père en fils. On identifie assez aisément les patronymes originaires du plateau : Haon, Breysse, Chareyre, Charre, Ceysson, Issartel, Tauleigne, etc. Toujours présents sur le plateau aujourd'hui encore, ils montrent la forte sédentarisation de la population au cours du second millénaire.
Le développement démographique prend un nouvel élan au XIIème siècle avec la fondation des abbayes
de la montagne, auxquelles les seigneurs laïcs cèdent de vastes espaces. La
période qui va suivre sera marquée par le défrichage et la mise en culture des
domaines de Mazan et de Bonnefoy mais aussi d’Aiguebelle en Tricastin qui
dispose de vastes territoires sur le
plateau.
A cette époque, le pays était encore couvert de vastes forêts de feuillus (hêtres principalement) ; la tradition orale rapporte que dans les temps anciens on allait
du Pal au Béage sans voir le soleil…
On défriche, on épierre, de grands domaines fermiers dispersés
dans le paysage voient rapidement le jour. Les seigneurs, qu'ils soient laïcs ou religieux veilleront toutefois à conserver un espace forestier qui sera enrichi de sapins. A la Révolution, les plus belles forêts seront intégrées aux domaines de l'état.
Jusqu'au 19ème siècle, hormis les villages réputés pour leurs foires, comme Saint-Cirgues, ou ceux situés sur les grands chemins de communication où les muletiers font étape, comme Le Béage, le cœur des bourgs ne comporte que quelques rares maisons.
Jusqu'au 19ème siècle, hormis les villages réputés pour leurs foires, comme Saint-Cirgues, ou ceux situés sur les grands chemins de communication où les muletiers font étape, comme Le Béage, le cœur des bourgs ne comporte que quelques rares maisons.
Sainte Eulalie au début du 19ème siècle |
On pratique l’élevage, on cultive des céréales, une part des
pâturages est mise en estive. On vit en autarcie. Malgré un ralentissement lié
aux troubles des XIV, XV et XVIème siècles, l’espace gagné sur la nature sauvage
ne cessera de s’accroître au fil des siècles, parallèlement à l’augmentation de
la population, pour atteindre un maximum à la fin du XIXème.
Fin 19ème l'espace défriché atteint son maximum. Ici terrasses aménagées sur un coteau aride. |
... et le même coteau un siècle plus tard... |
A la fin du XIXème
siècle, les grands domaines abbatiaux vendus comme biens nationaux
pendant la révolution appartiennent à de riches propriétaires, qui la plupart
du temps ne résident pas au pays ; ils sont affermés et côtoient une
multitude de petites exploitations. Les gens les plus pauvres vivent, avec une chèvre comme seule ressource dans une misérable chaumière construite sur un
communal ; quand ce n’est pas dans une « baoumo » (grotte).
Habitation troglodyte en bordure du lac d'Issarlès |
Au début des années 1950, le chantier
de l’aménagement hydraulique de Montpezat maintient un moment les hommes au pays. A son
achèvement en 1954, la demande de main d’œuvre est partout hors du plateau ; on vit
« Les trente glorieuses ». Les pagels réputés vaillants et infatigables au travail
sont particulièrement recherchés.
Après avoir touché la « paye du chantier », les jeunes ne
tardent pas à comprendre qu’ils gagneront plus « en bas » qu’en
retournant à la chaumière familiale, où l’on s’éclaire encore à la lampe à
pétrole.
Au cours du 20ème siècle, l’exode rural a eu un impact
considérable sur le paysage ; de nombreuses fermes abandonnées tombent en ruine, les parcelles laborieusement défrichées, épierrées, irriguées et soigneusement entretenues se reboisent, les chemins se ferment… pour l’observateur, tout se
passe comme si l’on remontait le temps…
Les pierres amoncelées en rang lors de l'épierrage d'un terrain matérialisent les limites de parcelles ; ci-dessous paysage près des Estables :
Bois et Grande Berce colonisent cet ancien pâturage |
Occitan
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Phonétique
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Français
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Balma, bauma
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Baoumo
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Grotte, caverne
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@©
Liens d’accès aux articles :
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N°1 : La foire aux violettes de Sainte-Eulalie
N°1 : La foire Grasse du Béage
N°1 : Carte communale
Impressionnant, le plateau se vide de ses habitants et les landes et bois l’envahissent ! Le témoignage sur La Palisse est édifiant.
RépondreSupprimerOui, c'est bien sur La Palisse. Il faut avoir l'oeil pour le voir...
SupprimerC'est l'hiver, quand la neige fond que l'on distingue le mieux les anciennes terrasses.